L’état de l’art
L’étude des émotions dans les sciences a deux filiations qui restent encore aujourd’hui prégnantes : d’un côté, une approche d’origine philosophique qui voit les émotions comme perturbation d’un ordre rationnel ou dialoguant avec celui-ci et d’un autre une approche biologiste qui prend comme base le corps et les manifestations de l’émotion.
En neurologie, on peut se référer aux travaux d’Antonio Damasio, qui y voit le lien entre le corps et l’esprit. Pour lui, les émotions sont des interprétations de l’environnement par le corps qui nous informent plus rapidement et plus efficacement qu’un processus rationnel sur les réponses à apporter.
En psychologie, les émotions sont plutôt vues comme des états ou comme les résultats d’une action : fier ou honteux, déterminé ou inquiet, attentif ou hostile… Elles sont fréquemment réparties en positives ou négatives dont on ne mesure que l’intensité (voir l’échelle PANAS qui permet de mesurer les émotions positives et négatives).
Le point de vue d’ATLANS
Ah ! Si on pouvait choisir ses émotions, si on pouvait éliminer celles qui ne nous plaisent pas, si on pouvait choisir de faire surgir celle que l’on veut, quand on veut… Qui n’en a pas rêvé un jour, que la situation fut désagréable, ou au contraire, tellement intensément positive qu’il en serait indécent d’être aussi heureux en face de l’autre ?
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Beaucoup de personnes veulent gérer voire maîtriser leurs émotions. Beaucoup se sentent dépassées, envahies par elles. Le seul objectif qui s’impose alors, dans des situations émotionnellement complexes – relation de couple, parent-enfant, soignant-soigné, entre collègues, etc. – c’est de ne surtout pas se laisser déborder par le flux des émotions.
Vouloir maîtriser le flot de ses émotions, c’est comme vouloir arrêter l’eau d’un fleuve. Cela ne se peut pas.
A vouloir contenir cette énergie, le risque est grand de voir resurgir des émotions, au moment où s’y attend le moins, sous une forme et une expression parfois violentes.
Ainsi l’eau un temps arrêtée, s’infiltre et trouve toujours un chemin pour continuer son chemin, à tel point que les plus grands barrages sont régulièrement le siège d’infiltrations qui menacent l’étanchéité et parfois, la structure elle-même.
C’est ce qui arrive avec les pathologies dites psychosomatiques.
Notre approche pédagogique porte un soin particulier à l’apprentissage de la perception corporelle des émotions, quelle que soit leur intensité, quelle que soit leur valence – positive ou négative.
Nous nous intéressons aux « signaux de bas seuil » : apprendre à repérer, chez soi, comment se manifeste corporellement, et à son début, l’irritation, la colère, la peine, la jalousie, l’enthousiasme, etc.. Autant, il est impossible de surfer un tsunami, autant il possible d’apprendre à surfer une vaguelette.
Prendre conscience de la prégnance des émotions négatives dans notre comportement est le meilleur moyen de cesser de se sentir agressé par notre environnement.
C’est se donner la possibilité de réorienter son énergie vers les ressources plutôt qu’elle soit bloquée sur les difficultés et les obstacles. C’est ce qui se passe pour quelqu’un qui souffre d’acouphènes. Il apprend à rééduquer son audition, à diriger son ouïe vers tous les sons audibles dans son environnement et ne perçoit plus alors, l’acouphène qui l’obsède. Ainsi, le son qui agresse tout comme l’émotion qui blesse, prend une juste proportion dans notre perception.
Apprendre à reconnaître ses émotions, leurs manifestations corporelles, la façon dont elles bloquent/mobilisent notre comportement est la meilleure manière d’être bien avec soi et ainsi d’avoir des relations apaisées avec notre entourage.
A partir ce point, se libérer de l’emprise des émotions qui s’imposent, peut devenir une réalité.
Bibliographie
Damasio A. « L’erreur de Descartes : La raison des émotions », Paris, Odile Jacob, 1995
Watson D., Clark, L.A., & Tellegen A. “Development and Validation of Brief Measures of Positive and Negative Affect : The PANAS Scales” – Journal of Personality and Social Psychology, 1988