Qui n’a jamais dit ou pensé « j’ai raison! » et encore plus « moi aussi » face à une personne qui donnait ses arguments. Car cette attitude est bien partagée par une grande majorité d’entre nous. Nous le constaterons chaque jour, si nous y prêtons attention. Et c’est ce que ce billet vous propose: voir cet effet à l’oeuvre dans nos attitudes.
Qu’est-ce qui se passe en nous lorsque nous sommes dans cette attitude? Que pouvons-nous observer et apprendre de nous?
Sans doute les scientifiques nous diront: c’est un biais cognitif de confirmation. Vous savez? Ce biais de comportement qui vise à confirmer son raisonnement, son intuition, ses valeurs, ses croyances. Certes, mais que ce soit un biais cognitif ou non, nous le subissons. Et que pouvons-nous faire?
Reconnaître chez soi l’attitude « j’ai raison »
En développant notre attention envers nous-même par un acte réflexif (mais non analytique), nous pouvons déceler:
- – Une sensation interne assez solide et ferme, voir rigide, de soi-même en train de se défendre. Du genre « je ne lâcherai pas ». Cette sensation est nichée au creux du ventre, au plexus solaire ou dans la cage thoracique. Peut-être même ailleurs, selon votre expérience?
- – Des émotions qui peuvent être diffuses. Mais elle tournent autour d’un besoin d’être reconnu, apprécié, visible. C’est ce qui nous amène à argumenter. C’est ce qui fait que, même si on ne l’exprime pas, on le pense et on se dit en soi-même: « Cause toujours, je suis sûr de mon fait, moi ».
- – Une attitude corporelle tendue de tous nos muscles. Les mâchoires, le cou, les épaules, tout le dos…
Mais que voulons-nous prouver à l’autre? Que voulons-nous défendre? Observez comment cette attitude se manifeste pour des broutilles. Pour des petites choses qui deviennent très importantes.
- – « Si, c’est toi qui laisse le bol sale dans l’évier, chaque matin! »
- – « Si, j’ai raison de le penser »
- – « Mais non je ne suis pas peureux, c’est la Covid, j’en suis certain »
Même une horloge arrêtée donne l’heure juste deux fois par jour!
On est tellement convaincu qu’on voit la réalité, et que l’autre ne la voit pas aussi bien que nous. Pourtant, nous portons un regard filtré sur le monde. Car nos valeurs, nos choix de vie, notre éducation… nous amènent à porter notre regard dans certaines directions. Et pas d’autres. Ce que nous pensons être « bien » n’est pas partagé de la même manière par d’autres. Même si nous le « savons », nous nous laissons malgré tout, envahir par l’effet « j’ai raison ».
Or, quand on voit comment la relation tend à s’envenimer (pas trop, car on reste policé, mais quand même), la raison nous inviterait bien à lâcher l’affaire. Cependant, on arrive difficilement à se raisonner.
Une hypothèse est qu’il y a autre chose de plus profondément ancré en nous, qui touche à notre identité, à notre personnalité. S’il nous est quasi impossible de renoncer à l’effet « j’ai raison », c’est que cela met en jeu notre personne même. A nos yeux, « perdre la partie », « reconnaître ses torts », c’est comme s’amoindrir. Et, cela est encore plus difficile si nous avons:
- – une très haute (trop haute) idée de nous-mêmes,
- – un idéal de perfection que nous croyons avoir atteint,
- – une image à défendre (expert, responsable, parent, éducateur…)
- – la croyance de tout maîtriser et contrôler
- – etc.
» Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé de chercher à avoir toujours raison. » Charlie Chaplin
Crédit image: Pixabay (bandeau) et auteure (figure)
Voir aussi: « C’est pas ma faute! » un biais cognitif courant, « Oui, mais non », biais cognitif de statu quo
