Avoir raison avoir tort ? On peut voir circuler sur les réseaux sociaux une image illustrant l’équivalence des points de vue sur un même objet. Celui-ci est regardé de deux endroits différents et par deux personnages ou personnes différentes.
Dans l’idée, tout le monde s’accorde sur cela. Mais dans les faits, qu’en est-il ?
Ne constate-t-on pas, et notamment sur ces mêmes réseaux sociaux au travers de débats enflammés, que nous sommes très loin de cette tolérance affichée, de cette bienveillance affirmée ?
Ne constate-t-on pas également, toujours sur ces réseaux sociaux, et dans notre quotidien, que nous nous entourons pour la plupart d’entre nous, de personnes qui partagent nos points de vue ?
« Qui se ressemble, s’assemble » et dans le même temps, ne dit—on pas « les extrêmes s’attirent » ?
Nous sommes portés par cette ambivalence : nous rassurer dans nos croyances, valeurs, certitudes, convictions et ainsi renforcer l’image que nous avons de nous mêmes, d’une part, et nous enrichir, nous compléter par des éléments venant d’univers censément différents, d’autre part.
Avoir raison avoir tort : comment aller plus loin ?
Comment faire pour intégrer autrui et sa manière de voir et dans le même temps se laisser « absorber » par l’autre ?
En cessant de croire en ce qui est/fait notre identité et en premier lieu, la sensation physique d’être ce que l’on dit. Si bien que si quelqu’un n’est pas d’accord avec nos propos, avis, idées, ce n’est pas avec tout notre « Nous » qu’il n’est pas d’accord, mais simplement avec ce que nous énonçons.
Cette identification à nos propos et opinions, au sens de « action (…) de se confondre avec quelqu’un, quelque chose[1] » est à la racine de conflits entre les personnes et source de tensions destructrices au sein d’une équipe, d’une famille, d’un groupe d’amis.
Apprendre à se décoller de soi, au sens physique du terme, quasi de façon littérale, apprendre à se rendre compte de la façon dont on colle à ses propos, et comment cela réduit tout espace d’échanges à néant, c’est s’émanciper de cette identité monolithique et univoque qui serait « Nous », qui serait « Moi ».
Crédit photo: Pinotte sans rire